Le Scoutisme Catholique en Terre Sainte

 

Tout d’abord nous voulons vous remercier pour cette opportunité que vous nous donnez de vous présenter la réalité de notre association.

Comme vous le savez la Terre Sainte est en train de vivre des difficultés et des défis internes et externes. Mais je ne vais pas vous parler de la situation politique mais plutôt de la dimension humaine et sociale car les Scouts prennent part à cela.

Je vais d’abord vous présenter la réalité du scoutisme en Terre Sainte, puis les défis du scoutisme qui découlent de cette réalité. Ensuite je vous parlerai des relations avec les autres religions de la région et avec les scouts du monde entier. Enfin nous nous tournerons vers le futur et les différents projets à venir.

 

Dans cette première partie nous allons exposer la situation actuelle du scoutisme catholique en Terre Sainte, ce qu’il est en réalité.

Le scoutisme catholique a pris naissance au sein des églises, des paroisses et des écoles catholiques. Mais il faut avoir en mémoire que la communauté catholique en Terre Sainte ne représente que 3% de la population totale. Et même si ces groupes de scouts se sont formés au sein des églises, ils restent tous en marge de la religion. En effet le message chrétien est présent dans la pédagogie scoute mais il n’est pas du tout appliqué aux activités scoutes quelles qu’elles soient. La religion ne rentre pas en compte dans les activités du programme.

Par exemple les scouts sont présents à la messe le dimanche mais ils ne sont pas acteurs de cette messe. Ils sont de simples spectateurs, alors que le rôle d’un scout est d’être acteur dans la vie mais aussi acteur de la foi et acteur de sa foi.

Ceci s’explique surtout par le manque de formation des chefs, pour ne pas dire l’absence de formation. Mais aussi et surtout par le manque d’échange avec les prêtres qui ne sont pas formés à participer aux activités scoutes (camps, excursions, travaux volontaires), ni à faire participer les scouts à la vie spirituelle de la paroisse.

A l’heure actuelle le mouvement scout jordanien compte 1200 jeunes divisés en 8 groupes. Mais le scoutisme catholique est aussi présent en Israël et en Palestine. Malheureusement la situation politique actuelle dans cette région ne permet plus aux activités d’avoir lieu. Les scouts sont donc “bloqués” par les problèmes conflictuels de la région.

 

Après avoir exposé la situation nous allons maintenant pouvoir aborder les différents defis que se donne le scoutisme catholique en Terre Sainte. Tout d’abord parlons des défis internes au mouvement scout.

Le premier défi se traduit dans le travail avec les églises. Comme nous l’avons vu dans la première partie les échanges entre les groupes scouts et paroisses sont quasiment inexistants. Pour cela il faut s’appuyer sur les jeunes prêtres et les encourager à participer aux différentes activités scoutes pour créer des liens spirituels mais aussi amicaux avec les jeunes.

Deuxièmement le travail doit se faire au niveau des mentalités de la jeunesse, que ces jeunes se sentent plus impliqués dans la vie du mouvement. Un des rôles du scoutisme est de donner l’esprit d’initiative. Or à l’heure actuelle, comme nous l’avons dit plus haut, les jeunes ne sont pas acteurs que ce soit au niveau de l’église mais aussi au niveau des activités. Chacun doit se sentir responsable de l’évolution du scoutisme vers un scoutisme moderne et non plus traditionnel comme il est aujourd’hui.

Les changements de l’éducation, de la fa‏çon d’éduquer voilà le troisième défi. La dispersion familiale est un fait dans notre pays et cela ne permet pas l’amélioration de l’éducation des jeunes au contraire. On le remarque de plus en plus avec la légèreté des moeurs actuelles. On pourrait citer de nombreux exemples, mais celui qui me semble le plus frappant est le problème de la propreté. N’est-il pas écrit dans la loi scoute que le scout est un ami de la nature? Pourquoi nos jeunes ne respectent-ils donc pas cette nature en jetant des papiers ou autre que ce soit à l’école ou dans la rue?

Le dernier défi interne à notre groupe est le changement chez les chefs. En effet comme nous l’avons déjà dit nos chefs ne sont pas formés. Comment pourraient-ils transmettre des valeurs morales, spirituelles, religieuses, alors qu’eux-mêmes n’en ont pas eu l’expérience. Le défi à relever serait de pouvoir former ces chefs à la pédagogie scoute bien sûr mais aussi à la transmission des valeurs de la morale et de l’ouverture.

D’autre part le mouvement scout catholique doit relever des défis externes au scoutisme, défi pour la jeunesse envers le gouvernement, envers les scouts du gouvernement, envers la mondialisation. Défi aussi vis à vis du manque de communication.

Notre défi est de changer la communauté, changer le scoutisme d’après nos racines chrétiennes et la loi scoute.

 

Dans cette troisième partie nous allons aborder le sujet des relations entre religions mais aussi entre pays.

Comme notre communauté catholique est minoritaire (3% de la population totale), nous vivons notre confession au quotidien plus comme chrétien que comme catholique. Par ailleurs dans nos écoles nous sommes habitués à cotoyer une autre religion: l’islam, et plusieurs confessions (orthodoxies, syriaques, protestants…), de même que dans les paroisses. Cela ne pose donc pas de problème pour la liturgie ou pour tout autre cérémonie scoute car nous avons ces scouts dans nos écoles et dans notre vie de tous les jours. De plus il n’y a pas d’éducation spitirituelle dans notre scoutisme comme nous l’avons dit dans la première partie. Il n’y a pas d’éducation à la foi.

Aujourd’hui il existe déjà des échanges entre des groupes scouts catholiques de différents pays, comme Scouts de France, DPSG ou Scouts du Liban, et les scouts catholiques des autres pays arabes avec les Scouts catholiques de la Terre Sainte (ex. la conférence des scouts catholiques des pays arabes en juillet 2002). Mais ces échanges se limitent à des rencontres entre responsables. Alors que les échanges entre les groupes de scouts sont inexistants. Les expériences différentes de chacun de ces groupes peuvent apporter au scoutisme catholique de la Terre Sainte de nombreuses choses du point de vue spirituel, pédagogique, éducatif. Par ailleurs l’échange entre les jeunes de ces groupes est sans doute le meilleur moyen de transmettre l’envie de progresser vers un scoutisme plus moderne.

 

Nous espérons dans le futur, dans un futur proche, pouvoir mettre en place des formations pour nos chefs. En effet cela semble être le point le plus important à améliorer aujourd’hui afin de permettre à tous, chefs et scouts, de se tourner vers un nouveau scoutisme.

Pour cela nous comptons sur l’expérience des Scouts de France et DPSG lors du camp qui s’organisera l’été prochain en Août 2003, où des compagnons Scouts de France, des rangers DPSG et des compagnons de la Terre Sainte vont se retrouver pour faire un chantier pendant 2 semaines en Jordanie. Ce chantier aura pour but de créer un lieu de camp appartenant aux Scouts de la Terre Sainte où il sera dès lors possible d’accueillir de nombreux camps. Nous avons choisi la Jordanie pour ce projet car la Jordanie est le pays le plus stable politiquement et peut recevoir tous les pays arabes. Cela rejoint le slogan que nous avions choisi lors de la coopération avec la DPSG “En route pour la paix: une oasis de paix en Jordanie”

Nous étudions aussi l’éventualité de faire venir un camp de pionniers Scouts de France en Jordanie et de voir quel échange serait possible avec des pionniers de la Terre Sainte (camp commun ou simple rencontre…).

Pour finir nous avons fait paraitre un magazine adressé aux scouts de la Terre Sainte, appelé “La Route”. Ce magazine se divise en 4 parties: la spiritualité, le scoutisme, l’éducation et la communication des nouvelles du scoutisme catholique. Il a pour but d’aider le scoutisme local à mieux conna‏ître le scoutisme catholique, ses piliers et à promouvoir la communication entre tous les scouts dispersés en Terre Sainte. La première publication a eu lieu en Novembre 2001 grâce au soutien de la DPSG, en 1500 exemplaires: 500 pour la Palestine, 500 pour Israël, 500 pour la Jordanie.

 

En conclusion nous pouvons dire que le scoutisme catholique en Terre Sainte est à l’aube de changements qui sembent nécessaires vis à vis de la réalité actuelle: changements dans la façon de travailler, dans l’éducation, dans la spiritualité. Il faut envisager la formation des chefs afin que ces évolutions soient possibles. De même que la publication du magazine “La Route” est un pas dans ce sens, les visites futures des Scouts de France et DPSG doivent être une aide précieuse pour le scoutisme catholique en Terre Sainte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

NB: Tous ces projets pour le scoutisme catholique de la Terre Sainte sont aussi valables pour le scoutisme catholique dans les pays arabes.